Les familles monoparentales no 2

Blog pour futurs et nouveaux parents

Les familles monoparentales no 2

La situation monoparentale est rarement un choix de départ. Du fait de la fatigue, de la responsabilité à assumer seul une situation impossible, à cause de la douleur de la séparation, de la solitude, du faible budget, le parent seul s’épuise et n’est plus en mesure d’offrir à son enfant un lieu de vie harmonieux.

Pixabay

Bien entendu, toutes les problématiques évoquées ci-dessous peuvent aussi se présenter dans le cadre d’une famille nucléaire traditionnelle. Mais dans le sujet qui nous occupe ici, tout est exacerbé dans la mesure où un seul parent doit tout assumer. Cela peut parfois dépasser ses forces. Les répercussions se feront ressentir autant au niveau parental que celui des enfants.

 

Les répercussions du côté parent

Lors de conditions sociales et familiales difficiles comme celles d’un  deuil, d’une séparation, d’un déracinement, d’un isolement, du chômage, de parents très jeunes et immatures, de troubles de la personnalité (trouble du caractère, instabilité) ou d’une maladie chronique, les difficultés de gestion familiale peuvent alors se révéler vraiment trop lourdes ou encore, s’exacerber.

C’est, pour le parent en situation monoparentale,  une période de grande vulnérabilité. Il a alors besoin d’être soutenu et aidé. Ces accompagnements peuvent être multiples : médical, social, sociétal, familial, amical, spirituel

Really Good Stuff

Le parent ne pensera pas toujours à demander de l’aide ou simplement, il n’osera pas. Il s’épuisera d’autant plus.

Nous, qui vivons confortablement et en toute sécurité et qui sommes témoins de cette misère humaine, nous avons une certaine responsabilité morale d’entraide. Ne minimisons pas la portée de ce que nous pouvons faire, même si nous avons peu de temps ou d’argent. Tout est une question de choix. Ce choix sera-t-il altruiste ou … ?

Nous pouvons grandement aider ce parent, tout d’abord en lui offrant le temps d’une écoute empathique, mais aussi, s’il le souhaite,  l’aider dans des démarches administratives, l’accompagner dans des organisations, ou le décharger par quelques heures de baby-sitting. Vous voyez, nous n’avons même pas parlé d’argent !

Parfois, à une situation de violence familiale, viennent se rajouter l’alcoolisme ou la toxicomanie de ce parent épuisé. Mais peut-être aussi que ces problématiques pré-existaient déjà et que la situation monoparentale est venue couronner tout cela?

Il y a également des problématiques psycho généalogiques non résolues, ou d’anciennes histoires personnelles, qui peuvent refaire surface et venir compliquer les choses.

Ce sont évidemment des situations catastrophiques!

Du coup, nous les cataloguons comme « cas sociaux » et nous déléguons cela aux services sociaux dont c’est le travail.

Oui, mais ! Est-ce que cela suffit ?

 

Actumediation.com

Chez certaines femmes, des souvenirs douloureux d’une ancienne IVG (interruption volontaire de grossesse) peuvent se réactiver et être à l’origine d’une « névrose traumatique post-obstétricale ». Celle-ci peut ainsi mener à une dépression du post-partum ou l’aggraver.

Dans tous ces cas, le parent qui élève seul son enfant est souffrant et il mérite notre empathie aidante. Cela fera d’une pierre deux coups, car en soutenant ce parent démuni avec un peu d’amour, nous apportons aussi un mieux à son/ses enfants. Que du bonheur !

Les répercussions du côté enfant

Dans les conditions où un parent est seul en charge de l’enfant, ce dernier ne sera plus assez disponible pour lui qui risquera devenir un enfant psychologiquement carencé. C’est ainsi que plus tard, devenu parent à son tour, il aura des capacités très limitées pour investir son propre enfant dans la continuité, et à s’identifier à ses besoins, en raison de ses propres carences affectives.

Parfois, du fait de son statut particulier dans sa famille, l’enfant peut devenir un enfant-cible. C’est notamment le cas lorsqu’un enfant est devenu précieux, par exemple,

L’Ile d’Elle Canalblog

s’il est investi d’une fonction réparatrice ou salvatrice.  Ces situations d’enfant précieux se retrouvent aussi lorsqu’il est un enfant de remplacement  ou qu’il est né par procréation médicalement assistée, par exemple.

Malheureusement, cela peut être le contraire, s’il ne répond pas aux attentes du parent ou s’il est né d’un adultère, d’un inceste ou d’un viol. Même s’il n’y est pour rien, il peut être voué à la honte des siens. Pour la mère violée, il peut lui rappeler tous les jours le géniteur abuseur, surtout s’il lui ressemble physiquement. Il pourrait être détesté pour cela.

L’enfant peut aussi représenter une « complication » si la grossesse a été difficile ou gémellaire, s’il est né prématurément  ou s’il est porteur d’un handicap physique ou psychique.

En réaction, l’enfant peut lui-même devenir une source momentanée de tensions, par ses pleurs et ses cris incessants, ses troubles du comportement, ses troubles sphinctériens ou tout autre symptôme. Ainsi, les conditions sont souvent cumulées de sorte qu’inconsciemment, il s’identifie à un enfant mauvais. Jugé décevant, il se comportera alors comme tel.

Comme déjà dit, tout ce qui a été énuméré ci-dessus peut bien sûr se présenter dans une famille traditionnelle. Ce qui rend les choses plus compliquées, c’est que l’enfant dépend uniquement de la personne dysfonctionnelle. Il n’y a personne d’autre pour rééquilibrer autrement la balance, même seulement un petit peu.

La problématique du stress

Bien souvent, après la rupture ou le deuil, le rôle parental semble impossible à assumer. Les enfants subissent inévitablement les situations de tensions du parent seul. Et celles-ci sont souvent décuplées dans bon nombre de situations. Cela crée énormément de stress.

Rappelons que le stress est à l’origine de la sécrétion d’hormones de stress dont l’adrénaline dans les cas aigus et le cortisol dans les cas chroniques.

Or le cortisol est toxique pour les neurones  et notamment, pour la formation de synapses ( mot savant pour nommer les connexions entre les neurones). On dénomme ce processus la synaptogenèse. Le cortisol abîme aussi les neurones. Ce sont donc des situations particulièrement graves alors que le cerveau est en pleine formation.

Simultanément, l’environnement défavorable laisse aussi une marque dans le code génétique, via les processus d’épigénétique (Voir article du 1er mai 2018 ). Ce sont ces deux processus (synaptogenèse et épigénétique) qui, ensemble, sculptent le cerveau. On appelle cette transformation constante la neuroplasticité (Voir article du 20 mars 2018 ) .

Des répercussions à long terme

Selon la qualité de la vie, la synaptogenèse et l’épigénétique peuvent être favorables ou défavorables. Lorsque des mauvaises conditions sont réunies et si rien n’est entrepris pour l’aider, cela rend difficile le bon développement de l’enfant dans son ensemble. Le nouveau-né et le bébé, dont chaque minute correspond à un moment de formation et de développement (70 000 nouvelles connexions/ seconde), risque d’être hypothéqué dans son développement affectif et cognitif et même, staturo-pondéral.

Dans la mesure où la plupart du temps la vie monoparentale suit la séparation, il y aura eu moult conflits auparavant, même des violences auxquels l’enfant aura souvent été mêlé. Si les violences n’ont pas été dirigées contre lui, il les aura néanmoins subies par procuration.

Même un tout-petit peut se sentir responsable des conflits, à partir du moment où il comprend qu’ils le concernent (pension alimentaire, mode de garde, santé, école, etc.). Cela le rend anxieux et confus. Plus tard, il sera alors plus à risque de développer des comportements d’agressivité et des symptômes dépressifs, qui pourraient se répercuter sur ses résultats scolaires et son comportement à la maison.

Souvent, il aura lui-même subi des mauvais traitements, par maltraitance ou par violence éducative. Si les situations se répètent, ce sera une véritable catastrophe car l’enfant apprend tout par imitation.

Delaware Speech and Hearing Center

Sans le vouloir, on lui aura donc appris la violence et cette dernière sera enregistrée dans son cerveau, par les deux processus décrits ci-dessus : la synaptogenèse et l’épigénétique.

L’enfant pris en ôtage

Malheureusement, après la séparation, l’enfant sera parfois pris en « otage » par l’un des parents et utilisé contre l’autre dans la mesure où le conflit continue. Les moyens de pression souvent utilisés sont

  • les heures de garde non respectées
  • les dates des vacances choisies volontairement en même temps que l’autre ou changées à la dernière minute et
  • les pensions alimentaires versées en retard, ou occasionnellement, ou même pas du tout.

Toutes ces manipulations sont la plupart du temps les faits du père. Elles sont utilisées par des hommes qui ne se sentent pas père (Voir les articles sur la paternalité des 22 et 28 août ainsi que du 10 septembre 2018), car sinon, cela ne s’expliquerait pas. Cette dernière phrase est uniquement une observation et aucunement un jugement ! Si cela ne s’excuse pas, cela s’explique néanmoins.

Nous pouvons apporter de l’aide 

En tant qu’amis ou membre de la famille, il nous appartient d’aider un peu ces cheffes de familles isolées. La plupart du temps, ces situations se conjuguent au féminin. Il faut relayer les mamans auprès de  leurs enfants pour qu’elles puissent se reposer. Car elles doivent à la fois assumer les fonctions maternelles et paternelles tout comme l’éducation de l’enfant, qu’elles soient fatiguées, malades ou excédées. Par lassitude ou par crainte de perdre l’amour de leur enfant, elles pourraient relâcher parfois l’encadrement.

Dreamstime

Or, l’amour ne suffit pas. L’enfant aimé, choyé, mais non encadré, souffre de malnutrition éducative. Bien que le besoin d’affirmation de l’enfant soit normal, il doit néanmoins apprendre les règles de la vie en société. L’éducation repose en effet sur la transmission de valeurs et de respect, de soi et de l’autre.

Même dans notre microsphère, nous ne sommes pas impuissants. En conjuguant nos efforts à ceux des organismes médicaux et sociaux, nous amplifions les bienfaits de l’entraide de manière non négligeable. Nous avons un pouvoir de prévention.

Ne résistons pas à notre impulsion empathique. Elle est la bienvenue !

PLK de Noetic

Si cet article vous a touché, pensez à le partager avec vos amis

et à laisser un commentaire.

Rejoignez-moi sur mon site http://www.corneliagauthier.com et inscrivez-vous à ma Newsletter 

https://www.corneliagauthier.com/fr/newsletweb/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.