Préparer la naissance côté bébé-parents

Blog pour les futurs parents

Le printemps de la vie

Préparer la naissance côté bébé-parents

La citation du jour:

Vivre la naissance d’un enfant est notre chance la plus accessible de saisir le sens du mot miracle. Paul Carvel

Ramesh Shahane-Flickr.com

Le rôle des parents

La naissance est avant tout l’histoire de l’enfant et de ses parents ! Idéalement, il faudrait que les professionnels de la santé soient là uniquement pour les accompagner et n’intervenir qu’en cas de nécessité.
Or, ce n’est pas ce qui se produit, la plupart du temps.

En effet, dès que la future maman arrive à la maternité, elle est prise en charge totalement  par toute une équipe et se trouve involontairement parachutée dans un état de totale passivité.  Il faut dire que souvent, elle est apeurée et en douleurs, surtout s’il s’agit de son premier accouchement. Elle se trouve alors face à un grand Inconnu, Inconnu qui en effraie plus d’un. Alors, cette prise en charge organisée la rassure probablement et elle se laisse « voler » cette expérience extrêmement intime.

Il en est de même pour le papa qui est subitement confronté à sa toute impuissance, ce qui est désarmant aussi.  Et probablement, il risque aussi de ressentir  des peurs ancestrales réveillées à cette occasion. Il ne sait pas trop quelle est sa place dans tout ce va-et-vient.

Dans cet article, je me propose de faire une rapide synthèse de quelques points très importants, comme celui de la coupure du cordon ( déjà traité dans l’un de mes articles  précédents) et le protoregard auquel seront bientôt consacré deux articles. J’y parlerai aussi de l’expérience peau-peau, moment charnière pour accueillir la venue au monde d’un nouvel être, tout neuf, tout fragile et tellement touchant.

Pourtant, c’est l’un des futurs adultes de demain ! Autant dire combien il est important que cette naissance se passe bien pour que de bonnes relations s’enclenchent immédiatement avec ses pairs, les humains,  dont ses parents qui sont en première ligne.

Eviter une surmédicalisation contre-productive

Dans la mesure où chacun des intervenants ( médecins, sages-femmes, pédiatres, nurses) a un rôle bien précis, dépendant avant tout de l’organisation plutôt que des besoins spécifiques de la mère ou de l’enfant, ils s’affairent tous dans un important va-et-vient, une effervescence qui évoque un peu une ruche d’abeilles.

Penel-Flickr.com

Les deux parents, non avertis, risquent ainsi d’y perdre le contrôle du déroulement de ce moment si important pour eux et leur enfant.

Pour éviter cela, il est nécessaire qu’ils soient conscients de ce phénomène, qu’ils puissent choisir le lieu, la manière de vivre ce grand événement, puis de l’organiser en en discutant avec le médecin et la sage-femme qui les accompagneront.

Ces discussions organisationnelles ont besoin d’être faites à l’avance. Sinon, si tout ça n’est pas prévu avant le jour J, cela ne pourra plus être changé au cours de l’accouchement, car les gestes habituels et automatiques des équipes se mettent en place avant que l’on puisse réagir.

( Certains lecteurs risquent d’interpréter ces quelques lignes comme une critique du travail des professionnels, ce qui est loin d’être ma démarche. Il est simplement question de faire une observation sur la surmédicalisation de l’accouchement.

En ce qui les concerne, cela part d’un souci de bien faire, mais comme le dit justement Michel Odent, qui a mit au monde des milliers d’enfants et qui parle donc d’expérience, cette hyper technicité est contre-productive. Je vous propose de revisionner sa vidéo dans l’article précédent).

Et puis, lorsque l’on a très mal, on n’a plus la force et l’assurance pour discuter et obtenir les changements que l’on souhaite. Donc, on suit le mouvement et on se soumet.

Pourtant, il se passe des moments si importants que l’on ne pourra plus jamais rattraper par la suite, comme celui du coupage du cordon, celui de la première  expérience de peau à peau (qui devrait durer au moins 1 h- 1 h30), celui du premier échange de regards, fondateur de la relation, qui chez le nouveau-né s’appelle le protoregard. Or, passé ces tout premiers moments de la vie, ce protoregard ne se reproduira plus jamais par la suite. Il faut le savoir pour ne pas le rater. Le protoregard permet d’instaurer une communication d’âme à âme.

Voyons donc rapidement ces quelques points importants.

La coupure du cordon

Je vous disais, dans un article précédent, que la plupart des médecins et sages-femmes ont acquis le réflexe de couper ou faire couper le cordon au papa dès que l’enfant est sorti du ventre de sa maman.

Flickr.com

Pourquoi cette précipitation ? On ne le sait pas vraiment, les causes sont probablement multiples.

Cependant, cet acte intempestif met le nouveau-né en difficulté respiratoire et il faut parfois pratiquer des manœuvres de réanimation par la suite, ce qui sera stressant pour tout le monde. Ces actes, alors  devenus nécessaires, seront le premier contact avec le nouveau monde vécu par le nouveau-né. Cela sera certainement désagréable et probablement même douloureux. Dommage ! C’est pourtant juste le contraire de ce qu’il lui faut comme accueil.

Il faudra donc parler de cela à l’avance, avec la personne qui vous accompagnera pendant l’accouchement,  pour qu’elle accepte que l’on  coupe le cordon lorsqu’il ne pulsera plus, c’est-à-dire, 5-10 minutes plus tard. Pour plus d’infos sur ce sujet, je vous renvoie à l’article consacré à ce sujet.

Le peau à peau

La plupart du temps, on en parle comme de l’expérience que partage le nouveau bébé avec sa maman. C’est donc aussi sous cet angle que je vais en parler, car c’est le plus fréquent et le plus instinctif des gestes.

Mais j’aimerais dire que rien n’empêche le papa de vivre cette expérience également,

 

Flickr.com

lorsque la maman et le bébé seront prêts pour cette toute première séparation. Il faut leur laisser un peu de temps. Cela peut prendre une heure au moins. Mais qu’est-ce qu’une heure, devant les innombrables suivantes que compte une vie ?

Evidemment, si l’on se trouve dans un établissement hospitalier, qui n’est pas organisé en fonction de ces besoins-là, on peinera à obtenir ce temps nécessaire, car tout le monde est pressé de nettoyer et d’arranger la salle pour la naissance suivante. Cela peut se comprendre aussi. En cela, c’est donc mieux de choisir une maison de naissance ou bien certaines cliniques, où ces besoins-là sont mieux respectés.

Lorsqu’il n’y a pas d’urgence vitale, l’idéal est donc de déposer le nouveau-né nu sur le ventre nu de la maman, de manière à ce que les deux puissent communiquer via leur peau, qui est l’un de nos organes les plus sensoriels.

Suzan-Flickr.com

Ainsi, le bébé retrouve l’odeur, la douceur et la chaleur de sa maman. C’est un continuum de la grossesse et ainsi,  le nouveau monde terrestre est subitement vécu comme moins hostile pour notre nouveau petit être. Et c’est le tout début du maternage qui sera tellement fondamental pour la suite, pour le bon développement de l’enfant.

Si vous êtes de futurs parents, réappropriez-vous  à l’avance ce moment de communion et de douce complicité.

Lorsque l’enfant est posé délicatement sur le ventre de sa maman, il commence instinctivement à faire des mouvements de reptation, d’ondulation qui lui permettront, à la fin de cette heure primordiale, d’atteindre le sein de sa maman et de se mettre à téter. Vous voyez, la nature a tout prévu.

Le protoregard

Aftab Uzzaman-Flickr.com

C’est un deuxième cadeau de la nature dont je vous parlerai dans deux articles prochains. Je vous en dis donc juste deux mots ici. Il s’agit d’un regard d’outre monde, tellement profond et attentif, qui fait que chaque personne qui prend quelques instants pour s’y perdre, en revient bouleversé.

C’est un vrai cadeau au papa, qui est privé du contact procuré par l’allaitement, d’avoir ce merveilleux moyen d’enclencher une relation profonde et indéfectible avec son enfant.

J’aimerais ici partager avec vous le témoignage poignant du psychothérapeute Jean-François Vézina:

Je vécus le moment le plus intense de cette rencontre avec ma fille dans le corridor la conduisant à l’unité intensive. Elle était emprisonnée dans un incubateur et bougeait à peine, mais elle a ouvert ses petits yeux et a regardé dans ma direction. Je ne peux décrire ici l’émotion éprouvée à la vue de ce premier regard. J’étais totalement impuissant à la consoler, mais je la prenais dans mes bras avec mes yeux. Même si je savais que ses petits yeux bleus ne voyaient pas encore le monde, j’ai senti une connexion avec la vie. Ce premier regard m’a fait voir le monde d’une façon complètement nouvelle. Si j’ai passé tant d’années à me questionner sur le sens des rencontres, ce soir-là, je savais que ma vie venait de changer. Mon monde ne serait plus jamais le même.

Ce premier regard est un  cadeau précieux qu’il est essentiel de garder toute notre vie. C’est cette leçon que m’a donné ce premier regard teinté d’impuissance et de vulnérabilité. La nature en a produit des yeux, depuis que le monde est monde, mais ce petit œil frais, que j’ai regardé depuis sa naissance, cet iris qui a laissé passer un peu de lumière dans ce corridor, sera toujours la marque d’originalité de ma petite fille… Cette fleur sortie du néant et le mystère de cet iris ne changeront jamais.

Si vous êtes des futurs parents, parlez de tout cela avec votre médecin et sage-femme et organisez-vous même toutes les séquences autour de la naissance, sauf urgence, bien sûr !

Si vous êtes de la famille ou des amis, informez-en les futurs parents.

Si vous êtes des professionnels de la naissance, reposez-vous ces questions fondamentales.

A vous tous, je vous propose vraiment de sacraliser ce moment de la naissance. Ce sera un bienfait pour tout le monde !

Tout ceci est expliqué en détail dans mes deux livres

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