Pourquoi beaucoup de pères ne paient pas la pension alimentaire

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Pourquoi beaucoup de pères ne paient pas la pension alimentaire

Cet article fait partie de la série consacrée aux familles monoparentales. Rappelons que dans 80 % des cas, c’est la mère qui assume seule ses enfants. La plupart du temps, cette situation est le résultat d’un long conflit entre conjoints qui aboutit finalement à une rupture.

Comme cela a déjà été écrit dans l’article précédent ( les familles monoparentales no 3), cela crée obligatoirement une baisse de moyens financiers qui souvent entraîne les familles sous le seuil de pauvreté.

Mais, comme si cela ne suffisait pas, dans un cas non négligeable de cas, le père finit par ne plus payer la pension alimentaire pour son /ses enfants.

Mon propos, ici, n’est pas de les juger, ni de les clouer au pilori. Ce n’est pas excusable, néanmoins. Je laisse donc à la Justice le soin de rétablir la situation au mieux, le plus vite possible.

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En ce qui me concerne, je vous propose plutôt de tenter de comprendre ce qui se passe chez ces géniteurs déconnectés de leurs responsabilités.

A mon avis, il y a plusieurs raisons, mais la principale me semble se situer au niveau de l’immaturité émotionnelle de ces hommes. Ils réagissent alors comme des enfants, sans réflexions, ni remise en question de leur attitude.

L’immaturité émotionnelle

Il faut 25 ans pour qu’un cerveau soit entièrement fonctionnel sur tous les niveaux et qu’on puisse le qualifier de mature.

Mais avant qu’il n’y soit arrivé, il est en construction pendant toutes ces années. Or, il peut survenir tout un tas d’accidents de parcours pendant ces 25 ans, ce qui risque bien de détraquer toute cette belle programmation.

On observe fréquemment des hommes grands, musclés, intellectuellement intelligents, et émotionnellement restés des petits garçons. Il s’est produit un blocage dans leur maturation psychique, notamment émotionnelle.

Ainsi, comme lorsqu’ils étaient encore petits, ils réagissent par impulsions et parfois violence à tout ce qui les contrarie. Ils sont restés bloqués dans la loi du tout ou rien et du tout, tout de suite, qui est normale chez des enfants dont le cerveau n’est pas fini. Comme ces derniers, les hommes immatures  sont intolérants  à la frustration.

Effet de la maturation du cerveau

Or, devenir adulte, c’est apprendre à trouver son équilibre entre ces divers extrêmes, à savoir évoluer dans le pas tout, pas rien et pas immédiatement.

Devenir adulte, c’est sortir des jamais et des toujours. C’est apprendre à gérer ses émotions, accepter des remises en questions personnelles, apprendre à écouter l’autre, faire des compromis.

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Pour pouvoir changer le fonctionnement cérébral de l’enfant, il faut avoir pu développer son lobe frontal suffisamment. Comme je vous le disais, cela prend un minimum de 25 ans. Et voilà que chez bon nombre d’hommes, cela n’a pas pu se faire. Pourquoi ?

Quelles sont les entraves à ce bon développement ?

Elles sont avant tout d’ordre éducationnel et émotionnel. Pour être bien dans son corps, dans son cœur et dans son cerveau, il faut que les émotions circulent librement. Or, notre éducation traditionnelle en bloque  souvent l’expression. Cette éducation bloquante est nommée la Violence Educative Ordinaire.

Cela se résume à ne pas autoriser nos enfants à exprimer des émotions que nous jugeons négatives. Pour ce faire, nous utilisons les menaces et les punitions. Les enfants n’ont donc pas le choix ! Ainsi, au cours de leur développement, ils intègrent donc le processus du blocage émotionnel comme un modèle comportemental normal.

Les cinq émotions de base

Ainsi en est-il de la colère. Les garçons et les filles sont à la même enseigne.

Mais qu’en est-il de la tristesse ?

Les filles ont le droit de pleurer parce qu’elles sont des filles. Mais les petits garçons n’y sont pas autorisés. Sinon, on se moque d’eux, on les méprise, on leur dit « Tu ne vas quand même pas pleurer comme une fille ! » Et voilà qu’on met en doute leur identité sexuelle.

Et c’est la même chose avec la peur.

« Les garçons doivent être courageux ! » leur serine-t-on à longueur de journée. Mais le courage se développe en expérimentant la peur qu’on peut dépasser. Ainsi, les fillettes, qui ont le droit d’avoir peur parce qu’elles sont des filles, deviennent des femmes courageuses.

Mais les petits garçons, qui ont dû créer un pseudo-courage venu de nulle part, deviennent des lâches. C’est dramatique ! mais c’est aussi mathématique ! Le philosophe Vincent Cespedes le dit haut et fort: « Nous les hommes, nous sommes tous des lâches « . Très bien, il l’a dit à ma place. Cela m’évitera d’être traité de féministe.

En fait, en disant que beaucoup d’hommes sont des lâches, j’ai un grand élan d’empathie à leur égard. Je suis tellement désolée pour ce gâchis. Ils n’y sont pour rien. Ils sont les premières victimes de cette éducation archaïque !

Quant à la joie, il faut tout de même un peu la tempérer aussi. Ce n’est pas trop bien vu, un homme qui saute de joie.

(La 5ème émotion de base est le dégoût.)

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Ainsi, toutes ces émotions de base bloquées à un âge très jeune, bloquent à leur tour la maturation émotionnelle de ces futurs pères. Pourtant, ils sont nés avec les mêmes émotions de base que celles des filles. Quel dommage !

Ainsi, quand plus tard, ils se retrouveront dans la cour de justice pour des questions de divorce, garde d’enfants et pension alimentaire, ils se comporteront alors comme des enfants dans la cour de récréation. Finalement, ils en arriveront souvent à ne plus payer la pension alimentaire  de leur/s enfant/s pour se venger sur la mère et ainsi entretenir, voire aggraver le conflit ! Par la même occasion, ils mettront en danger la sécurité affective et matérielle de leur/s enfant/s.

Et c’est là que l’on comprend la problématique de l’immaturité, car ils scotomisent complètement le fait que la pension qu’ils versent à la mère est là pour donner un toit et à manger à leurs enfants. Il leur manque la maturité pour ne pas mélanger les catégories, leurs affects avec la réalité. Leur fonctionnement est resté global. Nous le disions juste avant, c’est la loi du tout ou rien.

Géniteur ou père ?

Dans la mesure où ces hommes ont 6-10 ou 14 ans d’âge émotionnel et qu’ils sont ainsi restés bloqués en tant qu’enfant, ils ne peuvent pas se ressentir comme étant père. En effet, s’ils se sentaient vraiment père, il ne pourraient pas mettre la sécurité matérielle et psychique de leur/s petit/s en danger.

Se sentir père demande à traverser le processus de la paternalité que j’ai déjà décrit dans mes articles des 22, 28 août et 10 septembre 2018 .

Or, ce processus ne peut pas prendre place dans un psychisme d’enfant. Il est donc important de comprendre, sans aucun jugement de valeur, mais dans un constat de dégâts émotionnels, que ces hommes sont des géniteurs et non des pères.

Renoncer à des attentes normales pour ne plus se sentir victime
  • Pourquoi faire cette distinction ?
  • Est-ce qu’on n’est pas en train de couper les cheveux en quatre ?

Au contraire, connaître cette différence fondamentale entre paternité et paternalité permet d’éviter d’avoir, face à eux, des attentes pourtant normales, mais qui n’aboutiront jamais. Evidemment, cela ne les fera pas payer plus facilement leur dû!

Mais, savoir cet état de fait, évitera aux femmes et aux enfants de se sentir victimes du géniteur. Le constat sera triste, bien sûr, mais réel : « C’est malheureux, mais c’est comme ça !« . Et cela évitera donc de prendre ces agissements irresponsables et immatures comme étant dirigés contre soi.

J’aimerais là donner mon propre témoignage :

Mon père était un père absent. Il n’a jamais déboursé un seul centime pour mes études. Je lui en ai voulu longtemps. Puis, lorsque j’ai compris ce problème de trouble du développement émotionnel, cela m’a complètement apaisée. Il n’était pas en mesure de faire mieux que ça !

J’ai alors compris que j’étais orpheline d’un vrai père et cela a clarifié la situation.

En effet, lorsque nous avons des attentes face à quelqu’un, même si elles sont tout à fait normales, c’est parce que nous attendons que se produise ce qui normalement devrait se faire. Nous avons en nous divers modèles standard de fonctionnement avec lesquels nous comparons tout le temps ce qui nous arrive. Or, la comparaison nous entraîne régulièrement dans la déception.

su-fle.blogspot. com

Ne plus avoir d’attentes, même normales, nous évite la tristesse ou la colère devant toutes ces attentes déçues. Cela ne signifie pas qu’il faut accepter des situations inacceptables.

Mais le fait de ne pas se sentir victime ni d’ être happé dans le tourbillon des émotions négatives de la déception, nous donnera l’énergie nécessaire pour activer ce qui a besoin de l’être et, en quelque sorte, devenir nous-mêmes, notre propre bon père.

Exerçons-nous donc tous les jours à être un bon père (et une bonne mère) pour nous-même. Ainsi, nous ne serons pas déçu/e.

Pour y arriver, il y a deux questions fondamentales à se poser chaque jour:

  • Qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui pour aller bien?
  • Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire aujourd’hui pour aller bien ?
Le désir d’enfant

Pour devenir des parents responsables, c’est tout de même plus facile d’y arriver en ayant désiré son enfant. La plupart du temps, c’est ce qui se passe dans le psychisme de la future mère. Depuis son adolescence, elle est imprégnée d’ hormones facilitatrices.

Par contre, ce n’est pas le cas des hommes. Vous trouverez rarement un adolescent ou un jeune homme qui rêve de devenir père. L’idée lui viendra quand il sera engagé dans une relation stable et qu’il aura les moyens de construire une famille. En effet, pour un homme, l’important, c’est d’assurer la subsistance des siens. C’est bien là qu’on voit l’abîme qui sépare le géniteur du père.

Lorsque la paternité n’est pas désirée

Or, passablement d’hommes sont subitement parachutés dans ce nouveau rôle de père par accident. Ils se trouvent alors complètement pris au dépourvu. Ils avaient fait l’amour pour d’autres raisons. Ils se sont peut-être aussi trop reposés sur la femme pour la question de la contraception.

Malgré tout, les plus matures d’entre eux se responsabilisent et assument ce nouveau rôle qu’ils n’ont pas choisi.

Par contre, en ce qui concerne les autres  hommes restés dans le psychisme de petits garçons, soit ils disparaissent de la situation, soit ils enregistrent seulement intellectuellement cette nouvelle donnée. Le processus de paternalisation aura du mal à s’installer et bon nombre d’entre eux rejoindront donc le club des géniteurs à leur insu.

Ne pas payer de pension alimentaire semble impensable pour un père, mais ne pose aucun problème à un géniteur qui n’est pas investi dans son rôle de père.

Le fait que souvent la garde des enfants soit attribuée à la mère, augmente encore l’écart physique et émotionnel entre les géniteurs et leur progéniture.

Pour boucler la boucle

Pour la sécurité affective et matérielle des enfants, il faut que tout géniteur soit contraint de payer une pension pour l’enfant jusqu’à ce que ce dernier puisse voler de ses propres ailes. C’est donc à la Justice de veiller à ce que cela se fasse.

Ce n’est pas utile, ici, de faire des procès d’intention à tous ces hommes qui dysfonctionnent. C’est comme ça. Ils sont les premières victimes de toute cette violence éducative qui a grippé sérieusement leur système émotionnel.

Le souci, c’est que la plupart sont complètement embourbés dans le déni qui les empêche de devenir conscients de leur problématique relationnelle et émotionnelle.

L’espoir

Néanmoins, pour ceux qui s’en rendent compte, il n’est jamais trop tard de consulter un psychothérapeute. Faire ce genre de démarche est plutôt un signe d’intelligence !

Et pour tous ceux qui n’osent pas faire le pas, il existe maintenant des sites et des forums qui peuvent être très aidants. Savoir que l’on n’est pas seul avec ces responsabilités d’homme-père-géniteur, c’est déjà se sentir plus fort. Car l’union fait la force, ne l’oublions pas !

www.pleindevie.net

La vraie solution viendra au fur et à mesure que la société renoncera à maltraiter psychologiquement les petits garçons pour les mettre dans un moule, inadéquat de surcroît. En ayant le droit de vivre toutes les émotions dont la nature les a doté, ils deviendront des hommes et des pères merveilleux.

La bonne nouvelle, c’est qu’il y en a de plus en plus ! Merci à la Vie.

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